i become a child man she moves my world ☂ LILY-SEVEN

She lives with an orange tree and a girl that does yoga, she picks the dead ones from the ground when we come over and she gives i get without giving anything to me.

Les couloirs étaient vide lorsque Zeppelin passa devant le tableau. Il s'arrêta et lut les noms et prénoms inscrits. Woody en pédiatrie, Rory en chirurgie, Jezabel en chir' aussi, Peter en consult' et Lily en... cardiologie. Impossible. Même hors de question. Un coup d'oeil sur sa gauche, un autre su sa droite: personne. Ni vu ni connu, Zeppelin effaça le joli nom d'un coup de pouce et le re-nota en médecine interne. « Voilà qui est mieux... » Fier de lui, il partit comme si de rien n’était en direction de son bureau. Il espérait la voir vite arriver. Surtout qu’aujourd’hui Asher était absent. Donc pas besoin de trouver une excuse bidon pour expliquer le fait que c’est la vingt quatrième fois dans le mois qu’elle se trouvait dans ce service. Pourquoi ce foutu code de déontologie interdisait les médecins de sortir avec leur internes? Et qu’est ce que foutait encore là Jez’. Quoi qu’en y réfléchissant à deux fois, ce n’était pas plus mal. Il pouvait comme ça voir Ava tant qu’il voulait. Ava, Lily... Il devrait peut être la mettre au courant avant qu’elle ne le découvre toute seule. Si ce n’était pas déjà fait.

Il s’assit derrière son bureau ayant au préalable fermé la porte. Puis il attrapa la balle anti-stresse posée sur son bureau et la tripota. Le tableau en face de lui sur la gauche indiquait: Lux = Réapparition de cellules cancéreuses; état de fatigue chronique; anémie... D’où venait le problème? Pourquoi était-elle dans cet état là? Le téléphone le tira de ses pensées. « Oui allô? » Une petite voix familière à l’autre bout du fil lui dit « Papa, j’ai une réunion parents-professeurs demain. N’oublie pas surtout. C’est important Papa.  » Il sourit. Sa voix était une douce mélodie à ses oreilles. « T’inquiète pas Princesse, j’y serais. Tu es à la maison ce soir? » Histoire de savoir si il pouvait ramener ou non sa Lily. « Je sais pas... Tu verras bien. » Hé merde. Mais il ne put s’empêcher de sourire en sachant pertinemment qu’elle aussi souriait. Alors qu’elle allait raccroché il lui dit « Hé Ava... Je t’aime. » La petite fille lui répondit « Je t’aime aussi Papa » puis raccrocha. Il inscrivit rapidement sur un post-it qu’il accrocha au rebord de son ordinateur: ‘ Demander à Jez’ si Ava est à la maison ce soir’. Un second coup de file retentit. « Docteur Blackfield, vous avez changé le planning des internes pour aujourd’hui? » Il prit une voix innocente et dit, charmeur. « Oui Annie, et n’oubliez pas, moi c’est Zeppelin ou Lenox, pas. J’avais besoin de renfort, mon collègue n’est pas là aujourd’hui. » Sa correspondante pouffa doucement « Très bien Zeppelin, je fais passer le message. »

Quelques minutes après, quelqu’un frappa à la porte et rentra. Simultanément, Zeppelin se leva et marcha en direction de la personne qui entrait. Lily. Elle était belle, même radieuse. Il ferma la porte d’un coup de pied alors qu’il enroulait ses bras autour de la taille de la jeune fille et embrassait son cou. « Tu m’as manqué. »
Il la serra contre elle d’un bras alors que de l’autre il fermait le verrou. « Même si il me semble que la dernière fois qu’on s’est vu remonte à moins de vingt quatre heures. » Il rit pour lui même et vola un baiser à Lily. Il se décolla doucement de la jeune femme et alla s’asseoir sur son bureau face à elle. « Pas trop déçu de te retrouver avec moi plutôt qu’en cardio’? » Il eut ce petit sourire moqueur que tout le monde connaissait que trop bien. Il devait lui dire pour Ava, mais ne pouvait pas s’y résoudre. Il préférait attendre un peu que la journée débute avant de se lancer. C’était plus sage.

Il ne lui avait pas fallu plus de neuf secondes pour repérer son nom sur le tableau. Médecine interne. Classique. Elle secoua légèrement la tête, un petit sourire satisfait collé sur le visage. Elle avait cessé depuis plus d'une semaine de compter le nombre de fois où elle s'était retrouvée affectée à ce service. Elle commençait cependant à se demander combien de temps encore ce petit manège perdurerait avant que quiconque commence à sérieusement se poser des questions. Peu importait, de toute manière. La relation qu'elle entretenait avec Zeppelin n'était pas suffisamment sérieuse pour qu'elle se soucie des conséquences que sa découverte pourrait avoir sur eux. Du moins, c'était ce que sa conscience lui répétait jour après jour, entre deux baisers volés, entre deux sourires pas si innocents, entre deux tentatives plus ou moins réussies de ne pas se trahir.
Elle tourna le dos au tableau, auprès duquel commençait déjà à s'agglutiner une petite quantité d'internes. Elle croisa le regard d'Ebony, à qui elle lança un regard triomphant avant de lui adresser un clin d'oeil des plus charmants, et d'articuler silencieusement un « pas de cardio pour moiiii ». Sa rouquine haussa un sourcil interrogateur, et elle prit son temps avant de répondre avec un simple haussement d'épaules. « Intervention divine, je suppose. Envie-moi. » Elle finit par tourner les talons, se dirigeant d'un pas vif vers le bureau du Dr Blackfield.
Elle frappa doucement à la porte, et finit par entrer. Elle n'eut pas franchement le temps de faire quoi que ce soit d'autre, avant de sentir les bras familiers de Zeppelin se refermer autour de sa taille. Elle tenta de ne pas sourire trop ouvertement lorsqu'elle sentit ses lèvres s'aventurer dans son cou, mais ne parvint à réprimer un léger frisson en sentant son souffle sur sa peau lorsqu'il parla. « Tu m’as manqué. » Elle se retrouva, comme toujours, légèrement surprise par un tel accueil, mais ne s'en plaignit pas le moins du monde, et se détendit contre lui en l'entendant fermer le verrou. « Même si il me semble que la dernière fois qu’on s’est vu remonte à moins de vingt quatre heures. » Elle ne put réprimer un nouveau sourire à cette remarque. Décidément, elle commençait à sourire de plus en plus souvent. Il faudrait peut-être qu'un évènement traumatisant vienne assombrir son humeur radieuse. Il l'embrassa très brièvement, et elle n'eut que le temps de presser légèrement ses lèvres contre les siennes en réponse avant qu'il ne se replie vers son bureau. Elle ne bougea pas, inspectant rapidement ce bureau qu'elle connaissait bien. Elle repéra le tableau sur lequel le prénom de Lux était écrit, et esquissa une moue désapprobatrice. Ce cas commençait à lui bouffer sérieusement le cerveau, et elle était loin d'approuver les efforts acharnés qu'il déployait pour trouver une solution qui visiblement ne voulait pas être trouvée.
« Pas trop déçu de te retrouver avec moi plutôt qu’en cardio’? » Sa question l'extirpa de ses pensées, et elle reporta son attention sur Zeppelin. Elle fit mine d'hésiter, se frayant un chemin jusqu'à son bureau, sur lequel elle s'assit sans le moindre complexe, avant de répondre avec un air blasé. « Vous savez docteur Blackfield, j'étais vraiment enthousiaste à l'idée de passer la journée à inspecter des coeurs défectueux, mais bon, tant pis, je me contenterai du beau mâle de médecine interne. Je me demande parfois si vous m'appréciez un tant soit peu, docteur. » Elle reprit son inspection inutile de la pièce, feignant le désintérêt total, avant de daigner porter à nouveau son attention sur lui. « Au fait, toi aussi tu m'as manqué. »

L’avoir ici dans son bureau l’aidait à oublier tous soucis liés à son job, son divorce ou à sa fille. Il n’y avait plus qu’elle et lui. Et rien d’autre. Et Zeppelin n’arrivait même pas à penser aux conséquences de ses actes. Il jouait avec le feu mais s’en fichait éperdument. Lily était devenue sa drogue et en toxicomane assumé, l’homme avait besoin de sa dose régulièrement au péril de sa carrière. Et pourtant les risques étaient bien là. Possibilité d’être radié, plus d’internat pour la jeune femme, et perte de la garde de sa fille. Dans un autre cas, Zeppelin aurait arrêté le massacre à peine commencé. Mais il était à présent enchaîné, ne pouvant faire marche arrière, puisque même si il ne voulait se l’avouer, il était bel et bien tombé amoureux de Lily.

« Vous savez docteur Blackfield, j'étais vraiment enthousiaste à l'idée de passer la journée à inspecter des coeurs défectueux, mais bon, tant pis, je me contenterai du beau mâle de médecine interne. Je me demande parfois si vous m'appréciez un tant soit peu, docteur. » Sa réplique le tira un peu de sa béatitude. Il se sentait vivant. C’était étrange pour lui. Entier. Et lorsqu’elle ajouta « Au fait, toi aussi tu m'as manqué. » il atteignit des sommets. Il lui sourit, effleura sa main du bout des doigts et lui vola une nouvelle fois un baiser. « Hélas, il faudra bien un jour Mademoiselle Irving que vous changiez de servir à mon plus grand désespoir. Sachez que votre manie d’échanger votre nom contre ceux de vos petits camarades pour vous retrouvez avec un vieux singe comme moi me touche énormément. » Il sourit plus franchement, quitta le bureau pour se poster face à elle. Il s’appuya sur la table posant ses mains de part et d’autre de Lily. Il la regarda un instant, silencieux, perdu dans ses pensée. L’illumination qu’il eut le rendit maussade. Son visage s’assombrit et il recula. Soudain, il se rendit compte de ses actes. Et de tous ce qu’ils entraînaient. L’idée qui était déjà apparue quelques jours plus tôt, l’empêchait à l’instant de continuer. Il se frotta le visage et demanda de but en blanc. « Est ce qu’on sait vraiment où tout ça va nous mener? » Il fit une pause qui dura trente secondes mais en parut s’éterniser. « Je veux dire que.. si on se fait repérer, et c’est presque le cas, on se fout dans une merde noire. Tu en as réellement envie Lily? » Il se rapprocha, les traits de son visages adoucis. Il y avait aussi une raison à tout ce questionnement. Qu’il se voile la face ou non, il voulait être sur avant de parler d’Ava.

Il posa une main sur la cuisse de la jeune femme, comme pour spécifier qu’il ne souhaitait qu’une chose: que tout ça continue comme auparavant, dans le pays des bisounours. Il ajouta, deux ton plus bas: « J’me fous pas mal des conséquences. » Finalement, tout se jouerait sur sa réponse. Car, à présent, qu’il le veuille ou non, Zeppelin était un toxicomane incapable de renoncer à sa dose quotidienne. La seule drogue au monde capable de le faire se sentir entier et pleins.

Il fallait bien admettre que jusqu'à présent, ce petit jeu plaisait particulièrement à Lily. Tout était basé sur une relation particulièrement libre, qui n'exigeait donc aucun engagement de la part d'aucun des deux concernés. Mais maintenant, maintenant qu'elle sentait que tout commençait à prendre une nouvelle ampleur, les questions commençaient à chambouler son petit esprit bordélique. Elle ne savait plus vraiment s'il fallait foncer tête baissée et voir ce qui allait se passer, ou si elle allait avoir à tout stopper net, de peur de se retrouver confrontée à une situation déplaisante. En tout cas, elle n'avait pas envie de faire ce choix dans l'immédiat.
Elle résista à la tentation de s'emparer de sa main et de ne plus la lâcher lorsqu'il effleura la sienne, et fut une nouvelle fois distraite par l'un de ces baisers volés qui commençaient à la faire devenir littéralement dingue de lui - entre autres choses. « Hélas, il faudra bien un jour Mademoiselle Irving que vous changiez de servir à mon plus grand désespoir. Sachez que votre manie d’échanger votre nom contre ceux de vos petits camarades pour vous retrouvez avec un vieux singe comme moi me touche énormément. » Vieux singe, au moins. Elle rit légèrement face à une telle audace, et se demanda pendant quelques secondes si elle allait s'insurger face à une telle déformation de la vérité, ou si elle allait se contenter de lui donner un coup de pied dans le tibia. Elle ne fit finalement ni l'un ni l'autre. Zeppelin venait en effet de se lever, la prenant légèrement de court, pour se poster face à elle. La jeune femme ne bougea pas d'un millimètre, trop heureuse de se retrouver aussi proche de lui sans que quiconque ne puisse les surprendre. Après un bref moment d'apparente quiétude, elle remarqua le soudain changement dans son expression, et ne put s'empêcher de froncer les sourcils, à la fois soucieuse et perplexe. Elle fut tentée, durant l'espace d'un instant, de lui demander simplement ce qui n'allait pas, mais se ravisa en voyant son expression de plus en plus maussade.
« Est ce qu’on sait vraiment où tout ça va nous mener? » Lily le fixa silencieusement pendant un assez long moment, légèrement interpellée par sa question. Non. Non non non non non. Elle ne voulait définitivement pas aborder ce sujet. Pas maintenant. « Je veux dire que.. si on se fait repérer, et c’est presque le cas, on se fout dans une merde noire. Tu en as réellement envie Lily? » Elle se demanda soudainement comment ils avaient pu en arriver à avoir cette conversation, avant de se rendre compte qu'elle n'était absolument pour rien dans tout ça. C'était lui qui était en train de foutre un bordel phénoménal dans leur petite bulle. Néanmoins, la question se posait effectivement. Avait-elle réellement envie que tout ça continue ? Elle trouva bien vite la réponse, ce qui la surprit légèrement étant donné la quantité de pensées plus ou moins meurtrières à l'égard de Zeppelin qui s'enchainaient dans son esprit à ce moment-là.
Après quelques secondes plongée dans ses réflexions, elle sentit une main se poser sur sa cuisse, et s'aperçut qu'il était de retour là, devant elle, une expression légèrement plus douce sur le visage, une expression qui la faisait d'ailleurs littéralement craquer. « J’me fous pas mal des conséquences. »
Un silence s'installa, durant lequel elle ne parvint qu'à le fixer. Elle savait pertinemment que sa réponse allait avoir un impact conséquent sur bien des choses, aussi préférait-elle prendre son temps avant de lancer bêtement une réponse qu'elle risquait de regretter. Et puis enfin, au terme de ce qui sembla être des heures, elle finit par ouvrir à nouveau la bouche. « Tu as vraiment le don de casser l'ambiance, Zepp'. » Elle attrapa sa main, incapable de rester immobile plus longtemps, avant de poursuivre. « Ecoute, si on se fait repérer, eh ben on se fait repérer. Tu t'en fous des conséquences, très bien, moi aussi. » Elle déposa un bref baiser sur sa joue, avant de sourire légèrement. « Je ne sais pas du tout où tout ça va nous mener, mais c'est bien mieux comme ça. Alors sois mignon, arrête de faire une tête de six pieds de long et souris un peu. J'ai pas prévu de te lâcher pour le moment, réjouis-toi. »

Il y eu d'abord un long silence. Même interminable, durant lequel Zeppelin eut différentes pensées passant de la plus triste à l'espoir le plus intense. Il était là, à attendre, le coeur au bord des lèvres, alors que Lily prenait sa décision. Lorsqu'elle reprit enfin la parole, il eut un léger soupir de soulagement. « Tu as vraiment le don de casser l'ambiance, Zepp'. » Il eut un petit rire nerveux et lorsqu'elle attrapa sa main, il s'y accrocha presque. Il ne la quittait pas du regard, son visage restant inexpressif. « Ecoute, si on se fait repérer, eh ben on se fait repérer. Tu t'en fous des conséquences, très bien, moi aussi. » Un léger sourire se plaqua sur ses lèvres. Il voulu répliquer mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle déposa un baiser sur sa joue et continua « Je ne sais pas du tout où tout ça va nous mener, mais c'est bien mieux comme ça. Alors sois mignon, arrête de faire une tête de six pieds de long et souris un peu. J'ai pas prévu de te lâcher pour le moment, réjouis-toi. » Il rit, plus détendu, ce qui ne l'empêcha pas de se dire qu'il fallait tout de même mettre les choses au clair. Il attrapa ses deux mains qu'il embrassa et dit « Oh, je me réjouis, surtout qu’un vieux con comme moi n’est plus très convoité. » Il lui sourit et posa ses mains sur chacune des cuisses de la jeune femme encore assise sur le bureau. « Petite coquine » dit-il avec le regard adéquate. Puis, dans un élan, il se pencha et l’embrassa réellement cette fois-ci. Il la colla contre lui, et glissa ses mains le long de son dos, puis dans les cheveux de Lily. Elle sentait le gel douche et le thé, une odeur devenu familière pour Zeppelin. Lorsqu’il se recula, il se dit que c’était le moment d’entamer les hostilités.

« On s’amuse bien ma poule, mais... Je pense qu’il faut que tu saches quelques trucs à mon propos. » Sa voix restait calme et monocorde, signe particulier chez lui qui signifiait ‘je suis stressé’. Il inspira un grand coup et commença. « Je vais débiter des informations sans doute assez... abruptes, mais s’il te plaît Lily, ne crie pas ou ne pars pas avant que j’ai fini. » Il ne souriait plus à présent, et se tendait au fur et à mesure que les secondes s‘écoulaient. « Tu dois s’avoir par les bruits qui courts ici, que j’ai été marié à Jezabel, et que, je suis en train de divorcer... » A la tête que fit Lily, il comprit qu’elle n’en savait rien, ce qui le mit encore plus mal à l’aise. Il attrapa une main de la jeune femme priant pour qu’elle ne la retire pas. « Bon si tu ne savais pas pour Jez’ je suis désolée, je croyais... Mais ce qui va suivre est sans doute encore plus... Enfin bref, c’est pour ça que je t’ai posé les questions avant...»  Il avait du mal à être cohérent et à se concentrer. Le problème s’était qu’il risquait de mettre un terme à sa relation avec Lily, ce qu’il redoutait. « Bon, et de ma relation avec Jezabel est née une petite fille. » Dit ainsi, cela paraissait tout aussi irréel pour Lily que pour Zeppelin. Il inspira profondément pour se donner du courage et continua avec difficulté. « J’aimerais que tu rencontres Ava dans l’avenir. Et que tu me pardonnes de te l’avoir caché. » Il pataugeait dans la semoule mais se forçait à continuer alors qu’il était plus ridicule qu’autre chose. « Mais il y a pleins de trucs qu’il faut que tu saches... Et tu vas sans doute pas me croire, ce que je pourrais comprendre, mais j’ai jamais eu envie d’épouser Jezabel, j’ai été devant le fait accompli, tout comme pour Ava. Je ne voulais pas d’enfant, enfin pas si jeune, mais elle est arrivée, alors, je n’ai pas eu le choix et... » Il se stoppa. Il était ridicule. Il se frotta le visage vigoureusement, resta silencieux quelques secondes.

Lorsqu’il la regarda à nouveau dans les yeux, la seule chose qui trouva à dire fut: « Et tu peux ne pas me croire, mais je t’aime. » Voilà, la seule et unique chose sur lequel aboutit ce discours sans queue ni tête. Zeppelin avait vraiment le don d’être un sale rabat-joie. Un connard qui était vraiment doué pour tout m’être par terre. Il se recula légèrement, attendant sa sentence.

Très bien. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, et pour le moment, elle ne s'en mordait pas les doigts. Peut-être n'allait-ce cependant pas tarder, mais pour l'instant, elle s'en fichait. L'important, c'était qu'il s'était enfin décidé à sourire et qu'il allait enfin ouvrir la bouche pour dire autre chose que ses conneries. « Oh, je me réjouis, surtout qu’un vieux con comme moi n’est plus très convoité. » Bon, peut-être qu'il n'avait pas fini de raconter n'importe quoi, en fait. Elle leva les yeux au ciel mais s'abstint de faire tout commentaire de peur de devenir désagréable. « Petite coquine » Elle rit ouvertement, mais n'eut pas le temps de lui rétorquer quoi que ce soit, car déjà il s'était penché pour l'embrasser enfin de manière satisfaisante. Son corps se colla naturellement contre le sien, ses mains se frayant lentement un chemin jusqu'à son cou tandis que ses lèvres tentaient de lui retourner son baiser avec autant d'intensité que possible, sans pour autant devenir incontrôlé. Ce fut lui qui se recula en premier, beaucoup, beaucoup trop tôt à son goût, mais elle ne protesta pas.
« On s’amuse bien ma poule, mais... Je pense qu’il faut que tu saches quelques trucs à mon propos. » OK, donc là, la conversation prenait un tournant désagréable. Elle sentait que ce qui allait suivre n'allait pas lui plaire, et ce notamment grâce au ton inexpressif avec lequel il s'adressait à elle. S'il s'apprêtait à lui annoncer qu'il s'était trouvé une nouvelle interne avec laquelle s'amuser un peu, elle ne doutait pas une seule seconde qu'il allait avoir à faire face à bien plus qu'une simple gifle et quelques insultes. Elle ne s'emballa pas pour autant, attendant avec un froncement de sourcils qu'il se décide à parler. « Je vais débiter des informations sans doute assez... abruptes, mais s’il te plaît Lily, ne crie pas ou ne pars pas avant que j’ai fini. » Elle ne savait plus trop si elle avait envie de l'étrangler pour tourner autant autour du pot, ou si elle commençait à vraiment prendre peur, il n'empêche qu'elle ne bougea pas, son regard fixé sur lui, se préparant mentalement à avoir à donner le change.
« Tu dois s’avoir par les bruits qui courts ici, que j’ai été marié à Jezabel, et que, je suis en train de divorcer... » Elle haussa les sourcils dans un signe de totale surprise telle qu'elle se demanda durant un instant si elle n'avait pas l'air complètement crétine. Marié à Jezabel ? Elle fit tout son possible pour inciter son cerveau à interpréter correctement le message qu'il venait de recevoir, mais elle se retrouva confrontée à un état de totale incompréhension et d'hébétude. Elle avait l'impression d'atterrir brusquement dans le monde réel, se cassant allègrement la gueule au milieu des adultes condescendants qui l'entouraient. Tout le monde était au courant, sauf elle. Très bien. Génial. Elle sentit qu'il lui prenait la main, mais ne réagit même pas, l'entendit vaguement lui dire qu'il pensait qu'elle savait et toutes ces saloperies d'excuses qu'on sort pour se donner un air de profond repentir, mais n'y prêta pas attention.
Il n'attendit pas franchement plus longtemps avant de l'achever avec une bien plus funeste nouvelle, qui manqua d'ailleurs de la faire s'étrangler de stupeur. « Bon, et de ma relation avec Jezabel est née une petite fille. » Elle avait décidé que cette simple petite phrase était le coup de grâce qu'elle n'avait vraiment pas vu venir. Il avait osé ne rien lui dire. Le connard. À quoi tout cela rimait ? Il devait bien être le seul homme auquel elle ait pu s'accrocher ces cinq dernières années, et voilà qu'après s'être bien amusé avec elle, il décidait de lui cracher à la gueule qu'il avait déjà pris soin d'assurer sa descendance avec une autre. Et dire que les gens se demandaient encore pourquoi elle refusait de partager sa vie avec qui que ce soit. Voilà où ça menait. « J’aimerais que tu rencontres Ava dans l’avenir. Et que tu me pardonnes de te l’avoir caché. » Mais bien sûr. Et ils joueraient à papa-maman tous ensemble. Non, là elle devenait détestable, il fallait qu'elle se calme. Vraiment. Elle ne parvenait pas vraiment à comprendre pourquoi là, à cet instant, il semblait vouloir qu'elle rencontre une gamine qui n'avait absolument rien à faire dans sa vie, et elle se demandait sérieusement comment il était même possible qu'il envisage qu'elle puisse hypothétiquement le pardonner d'avoir omis de mentionner ce petit détail.
« Mais il y a pleins de trucs qu’il faut que tu saches... Et tu vas sans doute pas me croire, ce que je pourrais comprendre, mais j’ai jamais eu envie d’épouser Jezabel, j’ai été devant le fait accompli, tout comme pour Ava. Je ne voulais pas d’enfant, enfin pas si jeune, mais elle est arrivée, alors, je n’ai pas eu le choix et... » Elle écoutait à peine, trop choquée pour essayer de porter son attention sur ses paroles. D'après ses dires, il n'avait pas vraiment eu le choix. Mais elle en doutait sérieusement. Il fallait qu'elle fasse le point, très vite. Très bien, il avait trahi sa confiance une première fois en se contentant de se servir d'elle pour ses petites séances de détente extra professionnelles sans dire quoi que ce soit de consistant sur sa vie privée. Bon, d'un côté, elle n'avait pas été plus bavarde dans ce domaine. Mais même. Alors maintenant, la question demeurait : Allait-elle vraiment prendre le risque d'être trahie une nouvelle fois en gobant son truc du "j'avais pas le choix, c'est arrivé, j'aimais pas l'autre mégère de toute façon, pardon, pardon, pardon", ou allait-elle opter pour la meilleure solution qui soit à ses yeux, à savoir la fuite pure et simple ?
« Et tu peux ne pas me croire, mais je t’aime. » Peut-être qu'en fait, c'était ça le coup de grâce. Comme s'il n'avait pas assez foutu le bordel dans sa pauvre tête, il fallait en plus qu'il en rajoute. Non, là, c'en était trop. Elle retira sa main de la sienne, et descendit du bureau, évitant soigneusement de croiser son regard durant les quelques maladroites secondes où elle se retrouva un peu trop proche de lui à son goût. La jeune femme s'éloigna rapidement pour se poster devant son tableau de merde, et attendit quelques secondes avant de lui faire face. Elle était sincèrement surprise de réagir aussi calmement, sans la moindre effusion de sang, ni même le moindre cri. « C'est cool de me l'avoir dit. Non, vraiment, j'apprécie. Mieux vaut tard que jamais. » Elle tenta en vain de masquer l'amertume qui altérait sa voix, avant de finalement céder légèrement à la panique. « Je peux savoir pourquoi tu me dis ça maintenant ? Pourquoi tu as attendu aussi longtemps pour finalement me lancer tout ça à la figure alors qu'on aurait pu faire semblant pendant encore de longues semaines ? » Elle ferma les yeux, inspira profondément, expira avec tout autant d'application, se passa une main dans les cheveux et rouvrit les yeux. « Tu t'es servi de moi pendant des mois simplement pour baiser, c'était très bien comme ça. Pourquoi d'un coup il a fallu que tu décides de me dire que tu étais marié, que tu as une gamine, et qu'en plus tu m'aimes ? Que tu m'aimes quoi ! » Elle le regarda avec un air de profonde impuissance avant de soupirer. « Cette journée aurait pu être terriblement agréable. Tu as absolument tout gâché. » Elle avait été plus dure dans ses propos que ce qu'elle avait réellement voulu, mais elle avait vraiment du mal à réaliser qu'ils étaient en train d'avoir cette conversation, et plus les secondes de silence s'écoulaient, plus elle se disait que tout cela était irréel.